LES PLUS BELLES CITATIONS
Meng jouait avec son petit garçon, dans la cour de son pavillon, au sein de la grande maison. Elle était seule avec lui, à part la nourrice qui, accroupie sur ses talons, riait et le regardait. Les deux femmes, la mère et la nourrice; étaient tout le jour en adoration devant l'enfant. La nuit, il dormait dans les bras de sa nourrice. Cette commune adoration créait chez les deux femmes une camaraderie. Elles répandaient sur lui, en joyeux sacrifices, tout l'amour et l'attention que réclamait le petit garçon. Le corps de Meng était construit pour porter des enfants, et ses seins avaient été gonflés de lait. Mais personne, pas même elle, n'eût songé à laissr le bébé tirer sur ses jolis petits seins et en abimer la fermeté. On avait loué Lien pour procurer ce lait. C'était la jeune femme d'un des fermiers établis sur les terres de WU. Son bébé, un garçon lui aussi, était nourri par sa grand mère avec de la farine et de l'eau, et du gruau de riz pour remplacer le lait maternel. Il restait à cause de cela, maigre, petit et jaune, tandis que le nourrisson de Lien était rose et gras. Lien avait la permission d'aller chez elle une fois par mois, et quand elle voyait son fils, elle pleurait et le plaçait contre son ample poitrine. Du lait coulait des bouts, abondant, mais l'enfant détournait la tête. Il en ignorait le goût et ne savait pas téter. Lien ne pouvait pas rester chez elle toute la journée, tant ses seins lui faisaient mal. Au mileu de l'après midi, elle revenait en hâte à la maison des WU. Son nourrisson l'attendait, criant de rage et de faim. À cette vue, elle oubliait le maigre bébé jaune. Elle ouvrait les bras en riant, et le gros garçon joufflu entre les bras de sa mère l'appelait à grands cris. Lien accourait vers lui en dégrafant son caraco et s'agenouillait à côté de lui et de Meng. L'enfant saisissait le sein comme s'il s'agissait d'une tasse et buvait à grandes lampées. Meng et Lien riaiaent ensemble, et chacune d'elles sentait en son propre corps la satisfaction de l'enfant. Pearl Buck. Pavillon de femmes- 1946 In: Impératrice de Chine et autres romans. Omnibus Ed 2008, p:769
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