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Dr Bernadette de Gasquet | Rééducation périnéale et allaitement | Dossiers de l'allaitement | 2001 |  | 

Certains préconisent d'attendre la fin de l'allaitement pour entreprendre
une rééducation périnéale du post-partum, car ils estiment que les hormones
de la lactation nuisent à l'efficacité du traitement. Qu'en est-il
exactement ?

En réalité, l'allaitement va retarder le retour de couches qui signe le
retour à l'équilibre oestro-progestatif On sait que le terrain à dominance
progestative qui caractérise la deuxième partie du cycle, la grossesse, et
les suites de couches jusqu'au retour de couches, diminue la tonicité du
périnée et augmente la laxité ligamentaire. De même, à la ménopause, la
baisse du taux d'ostrogènes accentue-t-elle le relâchement périnéal.

Si donc on ne considère que le score de puissance musculaire du plancher
pelvien, on peut effectivement dire que, durant l'allaitement, il ne sera
pas maximal. Il y aura une récupération spontanée après le retour de
couches, qui permettra à un training périnéal intensif de donner des
performances supérieures à celles obtenues auparavant.

Mais ce raisonnement est dangereux. En effet, la rééducation périnéale du
post-partum a pour objectif, selon moi, non pas de préparer les Jeux
Olympiques du périnée, mais de prévenir d'éventuelles conséquences d'une
faiblesse du plancher pelvien. Donc plus il est faible, plus il faut le
protéger.

Ces conséquences sont les problèmes d'incontinence urinaire ou fécale
(difficultés à retenir les gaz ou les selles), les béances vulvaires (bruits
d'air vaginaux), une diminution des sensations lors des rapports, et les
descentes d'organes (vessie, urètre, utérus, rectum) qui, contrairement à ce
qu'on croit, ne concernent pas que les femmes âgées. Le problème commence
bien souvent à l'accouchement ou dans les suites de couches précoces.
Beaucoup de mamans sont capables de dire exactement quand elles ont senti
que « ça descendait », trois semaines, un mois après l'accouchement.
Beaucoup sentent une pesanteur importante dans le bas ventre et le vagin en
fin de journée dans les semaines qui suivent la naissance, alors qu'elles
sont debout toute la journée et une partie de la nuit, ce qui est aberrant
dans cette période de grande vulnérabilité à la pesanteur. Un examen
soigneux met en évidence ces débuts de prolapsus, qui ne sont pas encore
évidents en permanence, mais qui ne peuvent que s'aggraver avec le temps.

Un simple raisonnement de bon sens nous démontre l'incohérence de notre
attitude « moderne ». Après l'accouchement, l'utérus est encore lourd, les
ligaments qui le suspendent se sont étirés pour suivre l'augmentation de
taille de l'utérus, et sont donc trop longs et très relâchés. Les abdominaux
sont trop étirés et très écartés, il n'y a donc pas de maintien normal par
la sangle abdominale, et le périnée est très détendu. On a donc un poids au
bout d'un élastique, et rien pour soutenir…
Il ne faut pas faire d'abdominaux avant d'avoir rééduqué le périnée ;
lorsque ce dernier sera solide, on pourra pousser dessus, c'est toujours
logique. Certains en déduisent qu'il ne faut pas faire de rééducation du
périnée parce qu'il est faible, de la même façon qu'il ne faut pas porter de
gaine parce que ça empêcherait les abdominaux de travailler. Ils estiment
qu'il faut être debout et vivre comme avant, parce que la grossesse n'est
pas une maladie, et d'ailleurs, c'est fini puisqu'on a accouché. Et voilà
comment les jeunes mamans portent leur bébé, font leurs courses, poussent
toute la journée sur leur périnée sans aucune précaution. Et plus le temps
passe, plus le bébé est lourd, et plus elles prennent des risques. Et même
si, au sevrage, leurs muscles récupèrent un tonus « normal », il n'est pas
sûr qu'on puisse réparer tous les dégâts de la pesanteur, en particulier au
niveau des ligaments qui suspendent les organes. Avoir de bons muscles
par-dessous ne fait pas remonter ce qui est descendu.

Donc il s'agit pour moi d'un faux problème. Il ne s'agit pas de faire de
l'électrostimulation ou un training musculaire intensif (très contesté
d'ailleurs), mais de la prévention, en mobilisant très précocement un
périnée même suturé, pour lui permettre de cicatriser plus vite, et pour
éviter les fibroses, il faut apprendre à se protéger des pressions vers le
bas dans tous les gestes quotidiens DES LE PREMIER LEVER, dès que la maman
plonge dans le berceau pour aller prendre son enfant, dans les portages,
dans la manière d'être debout sans se cambrer ni pousser le ventre en avant,
lors des éternuements, etc. Lutter contre la constipation, ne pas pousser
pour aller à la selle, intégrer le périnée dans la vie quotidienne

Cela doit se faire très précocement (voire même pendant la grossesse), que
l'on allaite ou pas, et même après une césarienne. A la maternité des
Bluets, j'anime un cours de suites de couches pendant le séjour, et les
mamans reviennent avec leur bébé pendant les deux premiers mois si elles
veulent. Chez moi, c'est aussi une proposition très précoce, dés la sortie
de la maternité. Je fais travailler le périnée d'une manière physiologique,
avec le reste du corps et la respiration.

Si tout n'est pas rentré dans l'ordre après environ six semaines, il est
temps de faire une rééducation très focalisée sur le périnée, et quelques
séances peuvent apporter beaucoup aux mamans qui allaitent, ne serait-ce que
pour bien vérifier qu'elles travaillent dans le bon sens. Mais il est
parfois vrai que le rééducateur peut estimer impossible de gagner en force
musculaire à ce stade, et reporter les séances restantes après le sevrage.
Il faudrait aussi faire des nuances sur le type de rééducation proposé.






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